La montée du Cebreiro a pris fin, après un dernier tournant, c'était le sommet. J'ai embrassé une dernière fois le paysage derrière moi.

Ici, tout en haut nous avons croisé une américaine solitaire qui faisait le chemin depuis Saint Jean Pied de Port.

Elle parlait admirablement le français mais était professeur de littérature anglaise.

Nous avons parlé éducation, système scolaire …

Et aussi du chemin et de toutes les nationalités qui le parcourent :

beaucoup de nordiques, canadiens, italiens, coréens dont on ne voit parfois même pas un millimètre de peau, couverts partout !

Ces rencontres du hasard nous permettent de nous reposer un peu et puis, l'échange n'est-il pas un peu le but de ce chemin ?

Maintenant c'était la Galice. Dans une demi-heure nous serions à  O'Cebreiro, lieu de notre gîte.

 

 

Nous sommes accueillis par cette très belle croix. D'un côté la vierge à l'enfant et St Jacques et de l'autre le christ.

                                 

Eglise Santa Maria

 

 

Dans cette église, une tombe a attiré notre attention.

Elias est le prénom de mon petit-fils, quelle coïncidence, ce n'est pas si fréquent !

Nous avons eu l'explication par notre hôte qui tenait aussi le magasin de souvenirs.

Elias était son oncle qui a beaucoup œuvré pour le Camino. Le gamin le suivait souvent dans ses pérégrinations diverses.

Cet Elias est né le 06/02/1929 et mort le 06/12/1989, encore assez jeune.

Nous avons acheté deux coquilles en bois, discrètes et Elias a eu droit à un caillou noir avec une flèche jaune.

Tout petit cadeau mais le geste était là et ça a fait chaud au cœur.

C'est devant l'église que j'ai fait la connaissance d'une pèlerine un peu particulière.

Comme souvent, sur ce chemin, on se raconte et on se livre sans arrière pensée ni retenue.

Elle m'a raconté qu'elle avait commencé le chemin il y a 4 ans à partir de Saint Jean Pied de Port.

Arrivée à Burgos, elle n'arrivait plus à mettre les pieds l'un devant l'autre, très essoufflée.

Elle fut obligée de rentrer et après examen, on lui trouva un cancer aux ovaires avec métastases à la plèvre.

Sans le Camino, elle aurait été détectée plus tardivement, trop tard sans doute.

Traitements, chimio et la revoilà 4 ans plus tard mais elle est encore bien fatiguée et marche tout doucement.

Elle fait porter son sac de gîte en gîte par un service spécial.

Elle voudrait finir avant de …

Eh oui, elle n'est pas en rémission et reprendra sa chimio à l'automne.

Elle n'avait pas prévu d'arriver à Saint Jacques mais de s'arrêter vers Sarria pour éviter les 100 derniers kilomètres où il y a foule.

Elle m'a émue et je l'ai embrassée. Si j'avais pu lui transmettre ma force !

 

Le soir, la messe fut célébré par le curé du village, assisté d'un prêtre pèlerin, italien.

Il fallait lire quelques lignes en italien et Elias (à moitié italien) s'est dévoué, un peu malgré lui, aucun italien n'ayant accepté.

C'est ainsi que nous sommes, grâce à lui, devenus célèbres sur le Chemin : la grand-mère et son petit-fils ne passaient pas inaperçus.

 

A O'Cebreiro, on peut aussi remarquer ces pallozas bien remises en état et qui, servaient à abriter dans les temps anciens, hommes et bêtes.

Vue de notre chambre sur cette cheminée de pierre.

Au-dessus du village à 1330 mètres d'altitude, on a une vue à 360 degrés.

D'un côté Castille et Leon, de l'autre la Galice.

  

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