18,5 Km, 31.500 pas

 

Nous sommes partis un peu plus tard que d'habitude et avons déjeuné dans un bar fort sympathique.

Les gîtes en Espagne offrent rarement le petit déjeuner dans leurs prestations.

Dès le début, on est dans l'ambiance : la foule.

Nous avons vu des cars arriver larguant leurs pèlerins, bruyant, portant leur petit sac contenant le nécessaire de la journée.

Ceci dit, ils devaient faire 20 km comme tout le monde. Je sais que certains abandonnent, trop épuisés car non entraînés.

On se sent un peu déboussolés.

Tous ces "faux pèlerins" ou pèlerins de la dernière heure, portent la coquille saint Jacques dans leur dos.

Tous la même, décorées de la croix galicienne et vendues en série.

A partir de maintenant, ça allait être la course aux tampons, je m'explique :

Depuis le début, je possède une créanciale (sorte de lettre de créance délivrée par l'église catholique),

qu'on appelle aussi crédencial, délivrée, elle par les associations jacquaires.

A chaque étape, on fait tamponner son carton et on a un joli timbre du lieu, qu'il faudra présenter à Santiago, lors de la remise de la Compostela,

C'est une preuve du cheminement en tant que pèlerin, chrétien ou non, peu importe.

(il y a de tout sur le chemin, croyants de toutes sortes ou non croyants)

Depuis le Puy en Velay, j'en collectionne évidemment pas mal et j'en suis à mon deuxième carton.

Après Sarria, on nous a dit qu'il faudrait tamponner deux fois par jour,

pour pouvoir obtenir cette fameuse reconnaissance.

A mon "pourquoi ?" on n'a su que répondre.

C'est obligatoire, c'est la LOI 'et moi de sourire !!!

Ces nouveaux arrivés des 100 kilomètres se précipitent alors dans toutes les églises et chapelles et gîtes et tout et tout...

Pour faire tamponner leur carton. Il faut bien la remplir cette crédencial !

Nous avons retrouvé nos deux dames qui marchaient, elles avaient pris le bus sur une étape,

mais malheureusement, l’une d’entre elles s'était fait un claquage au mollet.

Elle ne voulait pas abandonner mais souffrait beaucoup.

Un peu plus loin, des français nous ont hélés ; "c'est bien vous les français ?"

Étonnée je demande comment ils le savent...

"Ce sont deux dames qui nous ont dit qu'il y avait une grand-mère et son petit-fils sur le chemin"

Et voilà ça s'appelle Radio-Camino.

Ce jour-là je me suis fait une belle peur : j'ai cru que j'avais oublié mon téléphone au bar

et je ne me voyais pas retourner  "à la coréenne" pour le récupérer !

Il avait simplement glissé au fond de ma petite besace.

 

Sortie de Portomarin

 

 

 

Elias, tel un lièvre me devance toujours. il a un vrai pas de randonneur

 

Arrivée sur la crête, tandis que je photographie la bruyère et la vue lointaine,

un allemand s'approche de moi et me demande en français comment s'appellent ces fleurs ?

Il connaît le nom en anglais et en allemand mais pas en français.

BRUYERE, il trouve le nom bizarre et le répète en s'appliquant sur le U.

Par contre il connaît Monsieur de la Bruyère.

Il est donc reparti un peu plus riche qu'avant !

 

Ici, un aveugle dans une chapelle tamponnait les cartons.

Il fallait lui prendre la main et la placer sur le crédencial et c'est lui qui appuyait

(il y avait une corbeille où on pouvait laisser une petite pièce).

Pas de photos ! Mais en voilà une quand même.

Nous arrivons dans le pays des eucalyptus.

Un mot à ce sujet : il s'agit bien entendu d'eucalyptus plantés, ils remplacent les chênes d'antan,

bois locaux maintenant supplantés par ces arbres à la pousse rapide et donc économiquement plus rentables.

Le bois de ces arbres n'est pas utilisé pour les meubles, mais il sert pour la fabrication du papier.

Je vous invite à suivre ce lien pour comprendre pourquoi ces eucalyptus font polémique.

 https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/espagne-le-reboisement-intensif-fait-polemique_2653644.ht

 

Les espagnols comme d'habitude ne font pas dans le petit, tout comme les milliers d'éoliennes installées, sans aucun bon sens

(le taux de CO2 n'a pas baissé d'un iota depuis à cause de construction d'usines à gaz nécessaires à la bonne marche de ces éoliennes).

Ils plantent des milliers d'arbres importés sans se demander quel sera l'impact réel,

tout comme ils produisent des tonnes de tomates dans le sud en utilisant toute l'eau disponible.

Mais peu importe. le sujet, ici, c'est Saint Jacques, alors retournons-y...

Après tout l'eucalyptus ça sent très bon !

 Nous avons traversé des villages. Ici la vache est reine et il n'est pas rare de voir les troupeaux en transit,

dans les rues semées de bouses entre lesquelles nous marchions.

Ce qui ne me gênait pas trop, j'y suis habituée

Un beau mur de pierres sèches

Certains horreos portent une croix, parfois deux.

A Airexe (prononcer aïretché), distant de quelques kilomètres de Ligonde, nous avons rejoint notre gîte.

Nous avons été bien reçus, avons procédé à nos ablutions et lavage du linge puis une balade aux alentours.

Tout baignait donc pour nous, mais c'était sans compter sur le petit grain de sable, oh, pas bien grave,

il ne mettait pas en péril notre voyage mais fut assez désagréable.

En face de notre gîte, il y avait un bar restaurant dans lequel nous devions aller manger, rien d'autre autour, donc pas le choix.

A 8 h 15,  assez tôt pour des espagnols, on s'est pointé et on a rejoint un couple de franco-suisse

qui s'étaient découverts très amoureux sur le chemin et pérégrinaient ensemble.

Ils mangeaient, eux et, en attendant le garçon nous avons bavardé.

Au bout d'un quart d'heure, j'ai appelé le serveur qui m'a dit tout bonnement que l'heure était passée et qu'ils ne servaient plus après 8 h.

Je n'avais plus que 3 malheureux gâteaux dans mon sac, manifestement insuffisants pour Elias, adolescent.

Rien à faire, il ne servira pas !!!

J'ai donc explosé, prête à faire le siège sur place.

Au bout de 10 minutes, le garçon m'a jeté la carte et m'a dit qu'il pouvait me donner un sandwich (un bocadillo).

Je n'aime pas ça mais tant pis ! Les sandwichs étaient si dégueulasses qu'on n'a pas pu les terminer.

J'ai demandé alors si on pouvait avoir un yaourt au moins... Oui, pas de problème pour les desserts.

Tout cet échange se faisait à moitié en espagnol, à moitié en galicien.

Ce crétin n'avait pas eu la présence d'esprit de me proposer tout de suite cette solution...

Les deux pèlerins étaient très gênés, ne sachant que faire. Ils terminaient leur repas.

Néanmoins, ils m'ont gentiment proposé la moitié de leur bouteille de vin, ne pouvant la terminer.

Ce fut le petit rayon de soleil dans le gros orage.

Pour la petite histoire, la limite horaire était indiquée vers l'entrée mais je ne l'avais pas vue.

notre hôtesse aurait dû nous prévenir quand nous lui avions demandé où dîner.

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