Saint Jacques de Compostelle : Pourquoi ?
26 avr. 2025Entreprendre un chemin n’est pas anodin.
Je ne pourrais pas prendre le chemin de Stevenson par exemple dans le même état d’esprit. Il ne m’attire d’ailleurs pas du tout. Je ne pourrais pas y mettre mon âme
La Via de la Plata (prolongée par le Sanabres au niveau de Zamora), tout comme la via Podiensis (du Puy en Velay à St Jean Pied de port), le Camino Frances (de St Jean Pied de Port à St Jacques), la via Gebenensis (de Genève au Puy en Velay) que j’ai parcourus et tous les autres que je ne ferai jamais recèlent en eux quelque chose d’étrange, de mystique. Croyants ou non, on ne peut y échapper.
Pour ma part, je suis croyante, je n’ai pas à le cacher, et c’est en partie dans cette optique que je pars.
Certains démons rebelles m’habitent, sans doute comme beaucoup d’entre nous, et j’aime y réfléchir pendant tous ces jours où je marche. Y penser pour s'accepter tel que l'on est c’est déjà un premier pas, comme celui que j'entame, sac au dos et bâtons aux mains et il n’y a pas d’âge pour l’entreprendre.
J’ai donc décidé que cette fois, je ne me cacherai pas derrière de belles photos mais que j’essaierai d’y mettre de moi-même, juste le nécessaire quand c'est possible, pour rendre ce parcours vraiment humain et non pas une vague randonnée ou une simple performance physique, même si ça l’est aussi.
Les émotions sont très nombreuses sur ces parcours mythiques où on peut aussi bien être triste comme rire aux éclats. Les rencontres que l’on y fait peuvent être anodines comme intenses, même si elles sont fugaces. Je n’oublierai jamais cette femme sur le Camino Frances qui souffrait d’un cancer et avançait à petits pas, espérant arriver au bout. Je fus tellement émue de cette confidence et de son courage… Et il y en eut d’autres
Je ne suis pas de celles et ceux qui font des kilomètres pour faire Saint Jacques en 40 jours, je ne peux pas, je n’en ai ni la force ni le désir. Partie parfois avant les autres, j’arrivais souvent après, me faisant doubler par bon nombre, ce qui pouvait éventuellement poser un problème : celui de la solitude n’en est qu’une petite part mais surtout en cas d’incident, je ne pouvais compter que sur moi-même ; je voyageais seule et j’ai eu parfois peur. Et pourtant à chaque fois que j’ai été confrontée à une difficulté, il s’est presque toujours trouvé quelqu’un pour me tendre la main.
Trois semaines de marche, c’est long et court à la fois et s’arrêter est toujours un arrachement. On aimerait que le dernier jour dure, dure, dure……. On regarde partir les autres avec une pointe de regret.
Pour ma part, je n’aurais pas pu continuer plus, des douleurs tenaces au pied droit m’ont un peu plombé la route mais n’en est-il pas ainsi pour beaucoup : ampoules, tendinites, fractures de fatigue… J’en ai vu et pour certains c’est un petit drame qu’il faut accepter, ça fait partie du jeu. Je m’estime donc chanceuse. A 75 ans et demie, je bénéficie d’une bonne santé, ce qui ne veut pas dire qu’il faut sous-estimer ces petits tracas, ils sont à prendre en compte pour l’avenir afin de reconnaître ses limites.
Repartirai-je pour terminer cette voie, comme j'en ai le désir et arriver à Saint Jacques pour la deuxième fois ? Peut-être si ma santé le permet et si je ne peux pas, pour diverses raisons, il me faudra l’accepter. Le renoncement fait partie du jeu.
J’essaierai dans mes récits de rendre hommage à tous ceux que j’ai rencontrés et de vous faire partager quelques-unes des péripéties qui jalonnent le Chemin.
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Coquille en bois achetée en 2019 sur le Camino Francés,
peu de temps avant d'arriver à Saint Jacques de Compostelle
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