Le mensonge ne fait pas partie des 7 péchés capitaux. Pourtant c'est un des plus  banal, il est partout.

Il n'y a pas que les politiques qui mentent même s'ils en sont coutumiers. Il n'y a pas que les publicités qui mentent.

La liste serait trop longue pour être énumérée. On ment dans nos paroles, dans nos actes, dans notre manière de vivre, on ne respecte pas ses engagements.

La tromperie est quasiment devenue normale. Dissimuler sa pensée est une gymnastique de tous les jours qu'on pratique sans plus s'en rendre compte.

Le "non-dit" est aussi une forme d'omission du mensonge

Plusieurs thèses s'affrontent sur ce chapitre. Une petite recherche m'a permis  de lire ce qu'en pense quelques philosophes et je vous livre quelques passages.

Bien entendu, cette liste est très réduite, on pourrait en écrire des pages !

Thèse de Constant (1767-1830):

Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s'il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible ... Dire la vérité est un devoir.

Qu'est-ce qu'un devoir ? L'idée de devoir est inséparable de celle de droit: un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d'un autre.

Là où il n'y a pas de droits, il n'y a pas de devoir. Dire la vérité n'est donc un devoir qu'envers ceux qui ont droit à la vérité.

Or nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui.

 

Thèse de Kant (1724-1804):

- Car le mensonge nuit toujours à autrui : même s'il ne nuit pas à un autre homme, il nuit à l'humanité en général et il rend vaine la source du droit.

- La véracité étant un devoir formel de l'homme à l'égard de chacun.

- Le contraire de la vérité est la fausseté : quand elle est tenue pour vérité, elle se nomme erreur.

Pour Kant, donc, mentir met en cause la dignité d'autrui car il empêche autrui d'agir rationnellement et librement.

 

Troisième perspective:

Parfois l'utilité prend le pas sur le mensonge car les avantages sont réels et dire la vérité peut être plus nuisible que l'inverse.

C'est le cas par exemple du médecin qui ment sur les chances de survie de son malade afin de lui permettre de jouir du temps qui lui reste.

Le point faible de cette opinion est dans l'estimation des conséquences du mensonge, sur lequel on peut se tromper.

 

Une des définitions du dictionnaire est que le mensonge est l'altération de la vérité (c'est presque du Lapalisse).

Il est évident qu'on ne peut pas toujours dire la vérité dans le monde social où nous vivons, ce serait la guerre permanente.

On doit donc admettre qu'il existe de "pieux mensonges" et que "toute vérité n'est pas bonne à dire"

Mais celà nous ramène à la question de la confiance. Comment refaire confiance à quelqu'un qui nous a menti, voire menti plusieurs fois ?

(comme le mensonge du médecin envers son malade ou le mensonge dans les relations d'un couple)

Comment ne pas ressentir l'angoisse du mensonge qui mène à l'amertume, à la jalousie et à l'humiliation ?

Je retire de tout celà qu'on ne peut pas faire du mensonge une question de principe,

que le mensonge est parfois nécessaire quand il représente un avantage pour autrui.

(exemple du cas de juifs recensés pendant la guerre ou plus proche de nous et de notre vie de tous les jours,

donner à penser à telle personne qu'il va réussir son examen,dans le but qu'il ne se décourage pas, alors qu'on pense le contraire).

Mais on ne mesure pas toujours les conséquences du mensonge et les ravages qu'il peut produire dans la vie psychologique de chacun.

 

la vérité absolue c'est l'enfer, sans doute mais le non-dit est générateur d'angoisses bien pire que la vérité.

 

Je terminerai avec une citation de Diderot (1713-1784)

Il n'y a aucun exemple que la vérité ait été nuisible, ni pour le présent, ni pour l'avenir.

 

Post scriptum : La photo est-elle un mensonge ? On ne montre que rarement le réel, on recadre, on retouche, on enlève ce qui est considéré comme laid.

La photo est un leurre mais elle ne cause aucun dommage à autrui. C'est une forme d'art au même titre que l'artiste peintre qui embellit ses toiles.

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