Le battement d'aile du papillon
16 nov. 2019Les textes sont de Martine ou Lider
les photos sont de Martine sauf quelques unes de "Lider fils"
Tout le monde connaît cette histoire :
"Le battement d'aile d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ?"
C'est la théorie émise par Edward Lorenz lors d'une conférence scientifique en 1972.
L'effet papillon, un trait d'humour.
Chez nous, à défaut d'une relation causale, il y eut comme un effet papillon.
Tout commença, la veille du départ, par la crevaison de mon pneu sur une petite route isolée où personne ne passe d'ordinaire.
Une de ces petites routes pleines de trous.
Je sais, la veille d'un départ en voyage, on ne s'amuse pas à s'aventurer dans des chemins cahoteux où personne ne passe...
Mais voilà, à 4 heures de l'après-midi, par un jour pluvieux où justement,
hormis les ramasseurs de champignons, on ne rencontre personne; je me suis retrouvée immobilisée avec un pneu éclaté,
pas de roue de secours puisque les voitures récentes n'en ont plus et que j'aurais été incapable de la changer seule,
et personne à l'horizon pour me venir en aide.
Sous mon parapluie, je suis allée à pied, marchant, courant à moitié jusqu'au moment où, miracle,
un véhicule est arrivé, sans doute le seul de la journée.
Le papillon s'était envolé, non pas du Brésil vers le Texas mais de France vers l'Argentine et le Chili
et il était probable que bien des dérèglements surviendraient dans les jours qui suivent.
Ce voyage prévu de longue date se faisait en famille : 12 personnes, pas une de moins, pas une de plus, âgées de 73 à 6 ans.
C'était un défi (un défi au bon sens s'entend).
Chacun devait se retrouver à Lyon pour le grand départ : Lyon - Madrid, puis Madrid - Sao-Paulo, puis Sao-Paulo - Iguazu.
Etait-ce dû à notre petit papillon du départ ? Sans doute !
Le train de ma fille aînée et de ses deux fils fut annulé, ce qui provoqua un petit moment de panique.
Il fallut trouver une solution dans la cohésion familiale et ce fut fait.
Un chapeau nous accompagnait. C'est un chapeau de Huaso, sorte de gaucho chilien.
Il fit le voyage de Santiago à chez nous en 2009, il ferait donc le voyage inverse, c'était écrit, et ça, le papillon n'y changerait rien.
Attente à Lyon pour le premier avion.
Après un trajet complexe, combinant marche à pied, tapis roulant, escalators et navette ferroviaire souterraine
dans le très alambiqué aéroport de Madrid, c'est un vol de 10 heures qui nous mena à Sao-Paulo Guarulhios,
avec un atterrissage vers 5 heures du matin locales, bien filmé par la caméra fixée sur la queue de l'appareil
(cette possibilité offerte au passager de voir son avion de l'extérieur est une caractéristique de LATAM, compagnie Chiléno-Brésilienne).
Vous avez évidemment reconnu un Airbus A 350-900... en train de s'embouquer dans la piste 32R de Guarulhos (au fond).
Dans le même avion, mais à l'intérieur, chevelure abondante, pratique pour empêcher celui de derrière de regarder l'écran.
Sao-Paulo au petit matin.
Puis on s'embarque dans un autre vol de la même compagnie (7h25 - 9h)
pour rejoindre Fos do Iguazu, à la frontière du Brésil, de l'Argentine et du Paraguay.
Fos do Iguazu où on marche sur le tarmac, dans une ambiance de tiédeur lourde,
qui ne tardera pas à se transformer en chaleur pesante.
De là, il faut faire les 10 kilomètres qui nous séparent de Puerto Iguazu, en Argentine,
dans un mini-van brésilien, cornaqué par une guide polyglotte gentille et rusée,
avec arrêt le temps de remplir les papiers dans un inévitable bazar touristique
flanqué d'un petit jardin ornithologique muni de plusieurs toucans, l'oiseau emblème de la région.
Une des premières choses à faire après avoir installé nos bagages dans l'hôtel Merit Iguazu
(récent donc moderne, confortable avec piscine sur le toit, impersonnel et sans surprise)
est de faire dégorger des billets de pesos argentins à des "cajeros automaticos"
qu'il faut rejoindre en marchant, bien guidés par l'étonnante connaissance des lieux de notre "lider" (leader, le chef, quoi!)
le long des charmantes rues de cette petite ville tropicale (8.000 habitants environ) somnolente
quoique remuée nuit et jour par des chants d'oiseaux où alternent les rythmes urbains
(twwwiitwwwitwwwitwwwit...) comparables aux sirènes des ambulances,
et ceux plus agrestes des "rrroucourrroucourrroucou... (les connaisseurs comprendront),
le tout un peu surprenant - quoiqu'enchanteur - pour nous qui venons de l'automne européen.
stridulations curieuses et crispantes des cigales locales qui chantent surtout le soir.
(impossible d'avoir le lien avec Firefox, pas de problème avec internet exploreur et Edge)
Photo lider-fils
Bon, côtés billets, la tâche est rude et onéreuse car en période préélectorale argentine où les banques craignent le "bank-run"
les espèces ne sont délivrées que par tranches de 4.000 pesos (60 €) à condition de payer une énorme commission
de 600 pesos faite pour dissuader les gens de mettre en faillite le système.
Dans l'antichambre climatisée de la banque, rencontre d'un chien des rues, malin,
qui profite de la fraîcheur dispensé par la finance...
Ensuite, aller au restaurant "la Toscana", repéré par le Lider mais qui s'avère fermé le dimanche,
puis un autre très proche qui est fermé tous les midis
mais nous envoie (en retenant pour notre compte une table de 12)
à la "Rueda" (avenida Cordoba, 28).
Excellente table, excellente cave, avec, en particulier un très bon torrontès de Cafayate
(vin blanc de la province de Salta qui est vinifié à 2.000 mètres d'altitude, le plus haut vignoble du monde),
prix un peu élevé pour l'argentin moyen mais raisonnable pour un français, enfin :
on ne fera pas ça tous les jours mais après trois vols et 15 heures d'avion consécutives, il est bon de se laisser aller...
La photo montre une papaye rôtie, accompagnée de confiture de lait (dulce de leche) et d'une glace à la fraise.
Le soir venu et tandis que Lider revient d'acheter à la gare routière les billets de bus qui mènera le lendemain au parc national
(4.320 pesos pour 12), un brutal orage éclate, coupe l'électricité et noie les rues.
Il se réfugie (le lider, pas l'orage) sous l'auvent d'un chauffeur de taxi philosophe avec lequel il échange de banals propos,
et finalement regagne l'hôtel sous le parapluie protecteur de Lider fils accouru à son secours.
Repas du soir sans intérêt à l'hôtel Merit
Demain sera le jour de la découverte des chutes de l'Iguazu et de ses multiples bêbêtes...