Le sac est prêt, il n’est pas trop lourd et me voici dans le train qui doit me conduire après 2 changements jusqu’à Nogaro où je m’étais arrêtée l’année dernière.

Je vais enfin me trouver face à moi-même, moments délicieux et je suis avide de cette liberté.

 Mais pour le moment, le train roule, je suis dans la première voiture et cela a une importance pour la suite. Nous avons passé Montpellier depuis un petit moment quand soudain un drôle de bruit se fait entendre, on dirait qu’on roule sur le ballast, vous savez, ces cailloux qui soutiennent les rails. Avons-nous déraillé ? Le train ralentit puis s’arrête. L’information arrive assez vite disant que nous sommes arrêtés en pleine voie et qu’il ne faut pas tenter de sortir puis c’est le silence, nous sommes perplexes. La voix reprend au bout de quelques minutes pour annoncer d’une voix blanche un « accident de personne », ce qui pudiquement veut dire que quelqu’un s’est jeté sous le train. Etant dans la voiture de tête c’est ça que nous avons entendu ! La voix revient un peu plus tard pour annoncer que la personne est DCD et qu’il y aura environ trois heures d’arrêt… le temps d’extraire le corps, de faire les constats de gendarmerie, de vérifier le matériel et tout ce qu’il faut. Personne ne dit rien dans le wagon, nous sommes tous un peu choqués. Nous avons vécu « en direct » un suicide et on ne peut qu’avoir du respect pour ce mort qui ne supportait plus de vivre. Nous regardons les pompiers arriver puis les gendarmes passent dans le wagon. Nous savons tous que nos correspondances seront impossibles mais nul ne râle. Le train repart enfin, doucement puis s’arrête à la gare suivante, le conducteur est relevé, il est traumatisé, il a tout vu, lui ! Il faut attendre son remplaçant, encore une petite heure d’attente. Je ne dormirai pas à Nogaro comme prévu mais à Auch et rejoindrai Nogaro le lendemain matin par le car.

 

Auch, capitale de la Gascogne

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