Va savoir pourquoi, mais je n'avais pas beaucoup dormi, peut-être un peu trop d'acide lactique dans les muscles ?

Le petit déjeuner était à la demande. Tout était prêt à l'avance, chaque pèlerin avait son petit sac préparé d'avance au frigo, il n'y avait plus qu'à réchauffer au micro-onde. Frugal, certes mais on ne peut pas demander pour 15 euros que ce soit pantagruélique. J'ai pris un petit pain au chocolat  pour la route sous l’œil réprobateur d'une pèlerine qui me dit qu'il ne faut pas abuser. Bon, franchement, le manger maintenant ou plus tard, je ne vois pas la différence ! Je ne lèsais personne.

J'ai retrouvé mes deux canadiens et on a fait un peu plus connaissance. Le courant passait, leur accent m'amusait. Il parait que ce n'est pas le canadien qui a un accent mais le français (ah, ah, ah !).

Le début du chemin montait et mon sciatique s'est réveillé à moitié mais je n'en souffrais pas trop. J'ai cheminé avec les canadiens mais bien souvent seule, nous n'avions pas du tout le même rythme, parfois ils étaient devant et parfois je les rejoignais quand ils s'arrêtaient. Petit à petit la température s'est élévée jusqu'à 22 degrés mais le soleil tapait et ça m'a ramené 3 ans en arrière... Jamais je n'aurais pu supporter ça. Comme j'ai bien fait de m'arrêter !

Je quitte Zafra.

 

La côte semblait longue et quelques pèlerins me dépassaient. Très vite j'ai eu faim et c'est là que mon petit pain au chocolat est entré en action. En fait c'était plus du Nutella que du chocolat mais c'était bien bon et j'avais besoin de sucre.

Vue sur le village intermédiaire Los Santos de Maimona avec ses 8 000 habitants.

Et c'est là qu'une nouvelle douleur apparut : j'ai eu mal sur le dessus du pied. J'ai décidé alors de desserrer ma chaussure pensant qu'elle appuyait sur un point sensible mais très vite, le pied flottant plus, des frottements m'obligèrent à mettre un pansement pour éviter des ampoules, la plaie du marcheur.

 

 

 

Je ne me suis pas arrêtée dans le village et j'ai continué. Il restait une quinzaine de kilomètres avant de parvenir à destination et pourtant on voyait la ville au loin, c'est déconcertant cette impression de ne jamais arriver. C'est là que la fatigue pouvait se faire sentir alors il fallait s'occuper l'esprit et s'intéresser aux petites choses que je voyais.

A droite ou à gauche ?

Pris au zoom

 

On retrouvait parfois de la boue mais je suis devenue très forte et cette fois je n'ai pas mouillé les chaussures.

Serge et Nicole, les québécois qui m'apprennent à parler leur langue !!!

Ils avaient hâte d'arriver à Merida pour racheter des chaussures pour Nicole. Ses grosses chaussures étaient lourdes et inadéquates et comme on voit, c'est Serge qui les portait sous son sac. C'est ainsi que j'ai appris qu'elle allait acheter des "espadrilles" (pour baskets) car elle allait renvoyer ses "bottes" (chaussures de randonnée) au Québec, ce qui lui coûterait sans doute très cher.

Si je vais un jour au Canada, je pourrai dire que j'ai une roche (caillou) dans mes bottes (chaussures de marche) et que je ferais mieux de porter mes espadrilles (baskets ou chaussures de trail). Et si tout va bien je dirai : "ça fait la (le) job la la". Il paraît que la la est souvent ajouté en fin de phrase. Bref, avec tout ça on a bien rigolé !

 

De nouveau un cheval attaché dans les faubourgs de Villafranca. Encore 1/2 heure et nous arriverions à l'entrée de la ville.

 

Des vignes, des vignes et  des oliviers.

Et voilà je le disais bien...

Quelques fleurs du chemin.

Ciste cotonneux

 

 

 

 

Chrysanthème à couronne

Orchis

J'avais retenu un gîte par mail mais n'ayant eu aucun retour, et d'ailleurs je crois qu'il était fermé, j'ai décidé de chercher autre chose. Serge et Nicole n'avaient rien retenu non plus et nous sommes partis en quête d'un hôtel. Nous avons monté tout le village pour trouver un hôtel : "completo". Nous avons redescendu tout le village pour trouver le deuxième hôtel : "completo". Faute de mieux, nous sommes allés à la périphérie du bourg pour trouver une sorte d'hôtel routier. C'était une zone routière peu intéressante à la périphérie mais nous n'avions pas le choix, à part sous les ponts !!! Au moins il y avait une petite supérette non loin où nous avons pu faire quelques emplettes pour le lendemain. D'habitude à l'arrivée, on s'enregistre puis on dispose des chambres mais là, non ! Le patron insista fortement pour que nous mangions avec son menu à 14 euros alors que nous n'avions pas très faim. J'ai alors supposé que les chambres n'avaient pas été faites et qu'ainsi on nous faisait patienter. Quand enfin nous avons pu aller dans nos "appartements", nous fûmes stupéfaits de constater l'état de délabrement. Chez mes collègues, la télé ne marchait pas, ce qui n'était pas bien grave, vu les programmes!!! et chez moi, les toilettes fuyaient, on aurait dit par moment les chutes du Niagara. Et oui, il fallait y penser, c'était tellement évident, il fallait couper le robinet d'eau froide (c'est ce qu'a fait notre hôtesse). Juste si je voulais me laver les mains, je risquais de les brûler il me fallait donc rouvrir l'eau froide et me transporter ainsi par la pensée au Canada vers les fameuses chutes. Mais au Canada, j'y étais déjà un peu!!!

Je crois que le film qui va suivre vous emmènera dans l'univers de la misère de la chambre. Et qu'on n'aille pas me dire que le pèlerin doit se contenter de tout car, c'est absolument vrai mais il y a des limites à l'arnaque, ce n'était pas un "donativo" mais une chambre payante.

Retour à l'accueil