Les 14 et 15 avril 2025 : Salamanque 6 : Les pasos de la semaine sainte
17 juil. 2025Pour faire la transition avec la semaine sainte elle-même, voici une exposition des costumes de pénitents et des drapeaux des confréries.
La semaine sainte en Espagne, quand on a la chance d'y être est un évènement à ne pas manquer. Une des plus célèbre est celle de Séville mais Salamanque n'est pas mal non plus. Certes je n'en ai pas vu beaucoup puisque le lundi le paso de la confrérie Cristo de los doctrinos n'a pas pu sortir, il pleuvait trop. J'ai vu le lendemain à la télé locale que tous les participants pleuraient, ils étaient tous prêts après tant de travail, quelle déception! Mais j'ai pu assister à celui du mardi, celui de la confrérie universitaire de la Clerecia. Autant il pleuvait la veille avec orages violents, autant il faisait très froid ce jour-là et il faut savoir que si on veut être bien placé, il faut arriver au moins une heure et demie à l'avance et attendre debout !
Les plus belles sont celles du jeudi saint mais je n'étais malheureusement pas présente à Salamanque et de retour chez moi.
Mais d'abord il faut connaître un peu cette tradition :
Déclarée Festival d’Intérêt Touristique International, la Semaine Sainte est un phénomène né dans l’Antiquité, resté extrêmement fidèle jusqu’à aujourd’hui. Que vous soyez religieux ou non, les processions sont émouvantes, grâce notamment à ses ”Bandas” de musique (constitués de clairons, trompettes et tambours), qui constituent un genre musical à part entière avec des œuvres parfois sublimes. Du dimanche des Rameaux (l’entrée de Jésus dans Jérusalem) au dimanche de Pâques (sa résurrection), la Semaine Sainte est l’un des plus importants rituels de pénitence de la chrétienté. Mais afin de bien comprendre ce rituel sacré pour bon nombre d’Andalous - et célèbre dans toute l’Espagne comme dans le monde entier voici quelques explications
Les confréries
Les centaines de confréries, dont soixante à Séville, chacune avec ses particularités, offrent autant de façons de célébrer la joie, le deuil, la ferveur, l'espoir, la croyance, et la foi, reflétant ainsi une intensité allant de l'excitation débordante à la sérénité silencieuse. Chaque confrérie a son propre récit et ses traditions uniques. Certaines d'entre elles incluent même des membres de différentes générations, mettant en lumière le caractère intergénérationnel de ces pratiques. Chacune transporte un ou plusieurs autels, appelés "pasos", portés à dos d'hommes tout au long du parcours processionnel.
De plus, chacune d’entre elles se distingue par ses propres couleurs distinctives. certains pasos mettent en scène des moments de la passion du Christ, d'autres mettent en scène la Vierge Marie en deuil, accompagnée d'un nombre variable de "Nazarenos". Les "Nazarenos", ainsi nommés, sont les membres de la confrérie qui participent à la procession. Ils sont reconnaissables à leurs costumes masqués et à leurs tuniques colorées, assorties parfois d'une capuche pointue appelée "capirote". Habituellement, les Nazarenos portent des bougies de procession, des croix en bois et d'autres attributs en fonction de leur rôle spécifique au sein de la procession.
Les couleurs des tenues portées par les confréries lors des processions revêtent des significations symboliques profondes et ne sont pas sélectionnées de manière aléatoire. Chaque couleur porte une signification particulière : le rouge évoque le sang et la passion du Christ, le violet est associé à la pénitence, le blanc symbolise la paix tandis que le bleu représente l'amour céleste. Il n'est pas rare de voir les confréries combiner plusieurs couleurs dans leurs tenues, ajoutant ainsi une dimension supplémentaire à leur symbolisme.
Les trônes, ou plusieurs tonnes de bois et d’or portées sur les épaules
Les trônes, portés par les membres dévoués de la confrérie, hommes et femmes, arborent les icônes sacrées, débutant par celle de Jésus et suivie de celle de la Vierge Marie. Leur poids peut être considérable, les plus imposants atteignant parfois plus de 5 tonnes.
La solennité
Dès que le paso sort de l'église, un grand silence se fait dans l'assistance (en principe, car il y aura toujours les vilains petits canards sur leurs téléphones ou le bruit (qu'on peut éviter) des clics des appareils-photos)
Les “Imágenes” ou “Pasos” ces figures qui racontent la Passion du Christ
Ce sont les stars de la semaine sainte. Les représentations sculpturales de la Passion du Christ ont été conçues pour permettre aux fidèles d'assister aux processions en plein air. Les statues du Christ de la Semaine Sainte sont généralement réalisées en bois, bien que certains exemples puissent être sculptés dans d'autres matériaux tels que le plâtre ou la résine. Ces sculptures sont souvent l'œuvre d'artistes locaux ou de renom, qui utilisent des techniques de sculpture traditionnelles pour donner vie aux figures sacrées. Chaque statue est minutieusement sculptée pour représenter fidèlement les traits du Christ, en mettant l'accent sur l'expression du visage, les détails anatomiques et les vêtements. Une fois sculptées, les statues peuvent être peintes à la main pour ajouter des détails supplémentaires et les rendre encore plus réalistes. Enfin, les statues sont habillées de vêtements liturgiques, souvent brodés à la main et ornés de symboles religieux, avant d'être utilisées lors des processions de la Semaine Sainte à Séville.
Actions diverses des confréries
Elles sont investies dans les actions sociales et charitables (distribution de repas aux sans abris, hébergement de personnes sorties de prison, gestion d’établissements de soins etc.) et parfois perçoivent, pour ce faire, des subventions publiques. Certaines ont même un statut d’association reconnue d’utilité publique.
Elles n’en poursuivent pas moins leur but religieux par des processions et manifestations publiques en tenue, mais sans le port de la cagoule qui ne se met plus, en France et sauf exception (comme à Perpignan), depuis le début du XXème siècle.
Si vous voulez en savoir plus sur l'histoire (très ancienne) de ces confréries, rendez-vous ICI
Je terminerai ce long laïus en disant que, quelles que soient nos tendances religieuses ou non, c'est extrêmement émotionnant de les voir sortir (ne pas oublier que pour tout chrétien, la semaine sainte et la passion du Christ sont un des moments les plus forts). Il y a une réelle ferveur dans la foule qui regarde, (hormis les gens qui téléphonent, d'ailleurs vous allez sûrement voir ce monsieur qui fait signe avec sa main). Ils font environ 3 heures de marche lente à travers le quartier pour ensuite rejoindre l'église de départ. Ils démarraient environ vers 21h30 et revenaient donc vers 1 heure du matin. Vu le poids, j'imagine qu'ils devaient avoir mal aux épaules.
J'aurais aimé filmer intégralement la procession mais la batterie de mon téléphone avait été déjà bien sollicitée et mon appareil-photo, lui n'a pas une batterie très résistante pour les films. Il n'y aura donc que des petits morceaux.
Je ne peux empêcher, pour conclure, un mouvement d'humeur : j'ai été très choquée et peinée de voir la tête de dédain à peine masqué de certaines personnes à qui j'ai parlé de la chance que j'avais de pouvoir assister au début de la semaine sainte espagnole avant de rentrer chez moi. Je n'ai pas compris cette attitude. Comment peut-on juger sans connaître, sans avoir vécu cela? Comment peut-on cataloguer la manière dont les gens expriment leur foi (quelles que soient les religions)? Je pense que certains ignorants confondent les costumes des pénitents avec ceux du Klu klux Klan (KKK) qui est une société secrète terroriste suprémaciste blanche des Etats-Unis d'Amérique fondée vers le milieu du 19ème siècle. Rien à voir, évidemment, même si les costumes sont un peu similaires... Ou alors d'autres sous prétexte de retour aux sources pensent que ces manifestations ne sont que mascarade. Que nenni !!! Pourquoi mépriser des traditions très anciennes qui ne font de mal à personne et ne sont qu'une expression de foi sans doute très sincère pour certains?
(Merci de regarder les vidéos de préférence sur YouTube en HD et grand format.)
Inutile de vous dire que j'ai adoré, j'ai quitté Salamanque avec une pointe de regret de ne pas avoir vu d'autres Pasos...........