19 Km, 30 000 pas

 

ça y est j'allais traverser le Rhône et passer de l'Isère à la Loire.

J'allais enfin quitter ce paysage souvent monotone de plaine,

pas si plat que ça car le chemin qui nous faisait passer en bordure, accusait montées et descentes parfois fort rudes.

J'avais hâte de monter en altitude pour tenter d'échapper un peu à l'étouffoir de la plaine.

 

Église de Surieu

Vue vers le nord

Très vite on se retrouve dans les bois et même parfois dans de tous petits chemins où il faut écarter les branches pour passer.

Au bout de ce petit labyrinthe, on arrive à "la Fon de l'Ecouelle".

"Il y a environ deux siècles, une bergère gardait ses cochons tout en lavant son linge dans la source, la Fon de l'Ecouelle.

Son enfant qu'elle avait près d'elle fut mortellement blessé par un cochon.

Suite à ce triste évènement, les gens des environs firent une procession en ce lieu qu'ils dédièrent à Ste Apolline

(vierge et martyre d'Alexandrie, refusant de renier sa foi, on lui brisa les dents,

et elle se jeta volontairement dans les flammes en 249. Elle est invoquée pour les maux de dents)

Bon, une fois que j'ai lu celà, je n'ai pas compris la relation avec cette bergère et son bébé.

On remarque des feuilles au pied de la croix.

C'est en souvenir d'une tradition qui voulait qu'on puisse choisir le lieu de son pèlerinage (trois possibilités dans les environs).

Les habitants avaient coutume de cueillir trois branches de lierre qu'ils coupaient de trois longueurs différentes.

La première branche qui brunissait indiquait le lieu de la procession.

Vue sur les montagnes que je vais rejoindre par la suite.

J'avais le choix entre aller dormir à la Roche de Condrieu, itinéraire officiel du GR 65,

ou de suivre les coquilles qui m'évitaient un bon détour et me faisaient gagner une journée.

Cet itinéraire m'avait été conseillé par mon hôte de Revel

qui avait prétexté que le détour n'avait d'autre but que des intérêts économiques de passage au milieu de grands crus.

J'ai donc choisi cette solution conseillée mais j'ai vite compris qu'il n'y avait pas que des intérêts économiques.

Ce tracé de coquilles se révéla ô combien dangereux.

Après le village d'Assieu, au bout de la plaine je pris donc à gauche pour suivre un itinéraire bien agréable.

mais au bout d'une petite montée, on se trouvait nez à nez avec une barrière de sécurité,

au bord d'une route extrêmement passante.

Après avoir longé la barrière, il m'a bien fallu passer du côté route pour traverser la voie ferrée !

C'était très délicat à cause du tournant qui faisaient que les voitures ne me voyaient qu'au dernier moment.

Puis ce fut le passage du Rhône sur un trottoir étroit et extrêmement venté.

Je n'en avais pas fini avec les surprises comme on le verra plus tard.

 

Une fois arrivée au gîte et avoir fait mes ablutions, je suis partie visiter le village.

D'abord l'église Saint Agathe

                

 

A l'intérieur, un bateau, témoignage d'une inondation du Rhône

Puis quelques ruelles

 

Et enfin la tour du château à la sortie du village.

Contrairement à d'autres bourgs, celui-ci était doté d'une boulangerie, d'une épicerie, d'un bar

et un peu plus loin, d'une pharmacie.

Ce qui m'a permis de me gaver d'un bon gâteau !!!

Le gîte dans lequel je fus gentiment accueillie (on m'a proposé de manger le midi) était assez particulier :

le capharnaüm le plus total ! Du linge partout dans des sacs,

mon hôtesse, sa fille, le bébé de 19 mois, le nouveau copain de la fille, qui, je l'ai compris, s'était fait larguer

et avait dû retourner chez sa mère accompagnée de cinq chats et deux énormes chiens de 30 et 40 Kg.

Les chiens s'étaient d'ailleurs battus peu de temps avant, monopolisant la gendarmerie, la SPA et tous les voisins.

Ils vivaient donc séparés dans deux pièces voisines. L'un des deux était avec nous.

Tout ça sans compter la dizaine de bacs à chats disséminés partout y compris dans les chambres !!!

C'est ce jour-là que j'ai fait la connaissance de deux autre pèlerines Eve et Dominique qui faisaient halte ici, comme moi.

J'étais bien tranquillement à me reposer dans ma chambre quand soudain j'entendis un hurlement suivi d'un "Il m'a mordue".

Passées quelques minutes, je suis descendue et la vision d'une jeune femme à moitié étendue sur une chaise

et son talon qui pissait le sang...

Heureusement, son amie était médecin et a pris la direction des opérations: piqûre antitétanique et pansements.

Je passe sur le manque de coopération de la fille et du copain

qu'il a fallu obliger à conduire en voiture l'amie médecin à la pharmacie.

Je passe aussi sur les larmes de la maman qui pleura durant tout notre dîner.

C'était la goutte de sang qui faisait déborder le vase : supporter tout le poids familial

et ne plus savoir comment gérer les problèmes de son activité qui lui permettait d'avoir quelques finances.

Cette femme avait un cœur d'or dont la famille abusait largement.

Si vous avez vu le film "La vie est un long fleuve tranquille (1988)", cette famille était presque la copie de la famille Groseille.

Cela ne m'a pas empêchée de dormir, quoique difficilement au début,

dérangée par les allées et venues du chien dans les escaliers et les pleurs de la petite fille,

qu'on avait évidemment couchée à 23 h 30 et qui n'avait bien entendu plus sommeil.

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