Le matin suivant, nous étions libres, Hector ne nous prendrait en charge que l'après-midi.

C'est donc à quatre adultes et trois adolescents que nous sommes allés au centre-ville, là où les choses se passent.

Nous ne prenions pas de grands risques car les manifestations avaient lieu en fin d'après-midi en général.

 

Depuis le 18 octobre les nuits étaient chaudes. Ce n'était pas une énorme surprise pour les connaisseurs du pays.

L'économie et la "protection sociale" avaient été brutalement libéralisées en 1973, et même les gouvernements dits socialistes

des années 2000 n'y avaient pas changé grand chose.

Dans un pays où tout se paye, où les études universitaires les moins chères coûtent 200 euros par mois alors que le salaire médian

est à 350 euros, la plus grande partie de la population est en quelque sorte assignée à résidence : aucun ascenseur social n'est possible

pour 80% d'entre elle. Au contraire la classe moyenne inférieure voit ses conditions de vie se dégrader lentement mais sûrement.

Dès 2010 des manifestations périodiques avaient secoué les secteurs de l'éducation et de la santé.

Le 18 octobre 2019 la cocotte minute explosa à propos d'une affaire en apparence mineure de hausse de prix des transports publics à Santiago.

Mais cette hausse s'exerçait aux heures de pointe, donc frappait les "classes laborieuses" et épargnait les oisifs.

Cette marque de mépris jeta - réseaux sociaux aidant - les gens à l'assaut des stations de métro, vandalisés puis brûlés.

La présidence fit sortir l'armée dans les rues et décréta le couvre-feu en affirmant sans rire que le pays était en guerre.

Des hackers interceptèrent et diffusèrent sur internet une conversation téléphonique de sa femme,

qui répondant aux questions d'une amie estimait qu'ils étaient "victimes d'une invasion d'aliens

et qu'il fallait faire des provisions de toute urgence".

La colère de la rue ne fit qu'augmenter.

Appliquant à sa façon les consignes de la femme du président, la foule, dans tout le pays, se rua dans les supermarchés qu'elle pilla avec entrain.

Effrayé, le président Piñera retira l'armée et suspendit peu à peu le couvre-feu, et même promit un changement de la constitution.

Mais rien n'y fait: tous les jours on manifeste/

Le 28 octobre, on en était à 23 morts

 

Nous avons pris le taxi et nous nous sommes baladés tranquillement,

nous avons visité l'église de la Merced, toute de rose vêtue et aux parquets étincelants.

Là régnait le calme, on était loin de toute agitation.

Idem dans le quartier de la cathédrale où les gens se promenaient calmement.

On pouvait voir quelques employés municipaux nettoyer les dégradations, ce n'était sans doute que temporaire !

Mais c'est en allant vers la place d'Italie qu'on sentait une effervescence peu coutumière

et surtout cette odeur piquante de gaz lacrymogène qui nous brûlait les yeux et nous faisait remonter l'écharpe sur le nez.

On a alors compris pourquoi tant de gens marchaient avec des masques !!!

La police barrait la rue de "la Alameda" à tous véhicules car elle conduit au palais présidentiel,

et la traverser à pied était chose aisée.

Les manifestants étaient déjà là avec drapeaux, masques etc ...

La manifestation ne devait avoir lieu que l'après-midi et nous ne la verrions pas

(d'ailleurs il n'eût pas été très prudents d'y exposer nos jeunes).

Il était écrit que nous avions des choses à visiter.

 

Photos de téléphone, il était risqué de prendre un appareil-photo classique

Colère à Santiago

Peinture en trompe l’œil

Photo Lider fils

Colère à Santiago

 Au fond la cathédrale.

 

 

Colère à Santiago

 

 

 

Le supermarché avait brûlé la veille au soir.

 

"Evade" veut dire "passez sans payer".

 

Gabriela Mistral (1889 - 1957) est née à Vicuña (dans la vallée de l'Elqui, au nord du Chili)

c'était une éducatrice, diplomate, féministe et poétesse chilienne.

Son œuvre a été couronnée par le prix Nobel de littérature en 1945

Je vous invite à aller regarder de plus près la vie de cette femme.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriela_Mistral

 

 

 

 

Pour ceux que ça intéresse...

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